jeudi 27 mars 2014

Puggy au Théâtre de Namur


Le 23 mars dernier, le groupe pop rock belge Puggy a déposé ses instruments le temps d’un concert dans la salle prestigieuse du théâtre de Namur. Puggy, on ne les présente plus. Malgré trois membres de nationalité différente (un anglais, un français, et un suédois), le groupe n’en est pas moins belge. La date à Namur s’inscrit dans leur tournée des clubs de Belgique, et en est la 5ème étape. En effet, suite au succès rencontré par leur concert à Forest National le 22 février dernier, le groupe s’est lancé dans une tournée plus intimiste. À l’instar de cette date, le Théâtre de Namur affiche sold out.


Contrairement au traditionnel concert qui commence à 20h, il faut attendre 20h40 pour que la première partie, Antoine Chance, arrive sur scène. Ce jeune artiste se trouve être le fils de Philippe Gelluck. Puggy et lui se connaissent déjà. En effet, il a déjà fait leur première partie et ils ont le même manager (Nicolas Renard). De plus, Ziggy, le batteur de Puggy, l’a aidé à réaliser son album.
Antoine Chance arrive seul avec sa guitare mais est à l’aise avec son public. Il multiplie les blagues entre les chansons, et n’a aucun mal à remplir la grande scène du Théâtre par sa seule présence. Il interprète 5 titres, et parmi ceux-ci son single « Fou ». Son album sortant le lendemain du concert, il en profite pour faire un peu sa pub. Il essaye de faire chanter le public sur le titre « Parader en enfer », mais ce n’est pas un immense succès. Quand vient l’heure de partir, il lance une dernière blague au public, et s’en va souriant.


Vient le moment que le public attend : le concert de Puggy. Les lumières s’éteignent, une mélodie résonne dans la salle, des silhouettes arrivent sur scène, et le public hurle de bonheur. Un spot s’allume, n’éclairant que Matthew Irons (chanteur et guitariste) qui entame un « Stop me » d’abord très calme. Mais sur le refrain, toute la scène s’éclaire et l’énergie propre au groupe s’empare de la scène. Cependant, elle ne semble pas partagée par les spectateurs qui restent confortablement assis dans leur siège. Sur cette première chanson et sur l’entièreté du concert, on ne peut que remarquer le jeu de lumière épatant qui est d’autant plus renforcés par trois grands miroirs en forme de losange dont le groupe s’est équipé pour toute sa tournée.

Le trio continue dans l’intensité en entamant « Give us what we want ». Malgré une introduction et des rythmes bien entraînants menés par Ziggy à la batterie, le public reste assis, comme s’il regardait un film au cinéma. Matthew salue son public avec un classique mais efficace « Bonsoir Namur ! », qui semble réchauffer un peu le public. Commence ensuite « Someone makes no sound », dont l’harmonie des voix fait penser à « The sound of silence » de Simon and Garfunkel. Matthew reprend le thème de plus en plus vite avec de plus en plus d’entrain. Mais il faut attendre « I do » qui arrive en quatrième position du show pour que le public daigne enfin se lever. Sur ce titre et sur quelques autres à venir, on remarque la présence de John Janssens, leader du groupe Papa Dada et ami d’enfance de Matthew, comme quatrième membre du groupe. Il joue du clavier, ce qui permet à Matthew de se concentrer sur la guitare et ainsi de donner une teinte bien différente au morceau.
Le groupe, poursuivant sur sa lancée de morceaux entraînants, interprète « To win the world », single phare et titre éponyme de l’album, suivi par un « Love that feeling » rallongé par une improvisation. En effet, le propre d’un concert de Puggy n’est pas de jouer les morceaux de la manière la plus semblable à l’album, mais bien de modifier ou de rajouter des parties sur chaque titre. Dès lors, peu importe le nombre de fois qu’on se rend à un de leur concert, la setlist changera toujours et il y aura toujours des surprises.
En enchaînant les titres énergiques, le groupe enchante le public et le motive. L’ambiance est désormais supérieure à celle du début du concert. 

Après ces quelques titres énergiques, le groupe entame une série de chansons calmes mais pleines de vie. D’abord « Ready or not » avec son ambiance aussi mystérieuse qu'envoûtante, puis le désormais classique « How I needed you » que Matthew introduit par un beau solo de guitare à sonorité espagnole. Le public reprend en chœur le refrain. La chanson suivante, « Everyone learns to forget », calme puis entraînante à l’instar de « How I needed you », semble inconnue de la plupart des spectateurs qui du coup se rassoient. L’ambiance retombe alors aussi soudainement qu’elle est montée.


Mais cette soudaine baisse de motivation ne désarçonne pas le groupe qui, trêve de chanson calme, repart sur des chansons énergiques propres à son style. « Burned » nous vient tout droit de leur premier album (« Dubois died today »). Après le deuxième refrain, le groupe se livre à une improvisation de plus de quatre minutes qui, si ce n’était encore fait, nous révèle l’énorme talent, aussi bien au chant, au chœur, que derrière un instrument, de chacun des trois membres du groupe. Le public de nouveau réveillé, c’est parti pour une série de titres pop accrocheurs qui font le succès de Puggy. Sur « Goes like this », Matthew quitte ses instruments pour se balader sur la scène un micro à la main, sautillant et souriant, et manquant de glisser quelques fois.
Ils poursuivent avec « When you know » que le public semble réjoui d’entendre. Matthew fait chanter la phrase « When you know » au public sur tous les tons, puis sur le rythme joué par Ziggy. Le chanteur offre au public un show digne de Freddie Mercury. Sur « Teaser », le groupe se lâche complètement le temps d’une autre longue improvisation. Ziggy défonce ses baguettes, Romain quitte sa basse pour un wood-block, et Matthew se met au tambour. Les percussions résonnent dans toute la salle en faisant trembler ses murs. Ensuite, Matthew retourne au piano et glisse le thème des « Chariots de Feu » de Vangelis qui en surprend plus d’un dans la salle. Pour achever son public essoufflé d’avoir autant bougé, le trio nous interprète un très énergique « Last day on earth », et l’annonce comme la dernière chanson du concert. Les membres de groupe se présentent, et quittent la scène à la fin de la chanson. S’il a fallu du temps au public pour être totalement immergé dans l’ambiance, il est désormais conquis et en redemande. Il scande le nom du groupe, frappe des pieds contre le sol, pour que Puggy revienne.

Après quelques minutes qui paraissent interminables, Matthew, Romain et Ziggy réapparaissent sur scène. Ils interprètent « Move on », single du dernier album. Les chœurs occupent une grande partie du refrain et nous font tout de suite penser à Queen. Par une telle maîtrise des harmonies vocales et de la mise en place des instruments, Puggy nous montre que ce groupe est digne d’être cité parmi les plus grands. Ensuite, le groupe joue deux chansons du deuxième album : « Goddess Gladys », allongée par un solo électrique et électrisant, bien que joué à la guitare acoustique, et « Something you might like », pour lequel Matthew échange sa guitare acoustique contre une guitare électrique, donnant un son encore plus rock à la chanson. L’ambiance est à son comble.

Cette chanson finie, les 3 compères, accompagnés de John Janssens, viennent saluer le public. Tous retournent ensuite dans les coulisses. Cela pourrait marquer la fin du concert, mais il n’en est rien puisque Clément et Alex, deux accompagnateurs du groupe, amènent au centre de la scène un attirail pour le moins étrange. En effet, il est composé d’un xylophone, d’un petit piano, et d’un ordinateur. Le groupe revient alors une dernière fois sur scène, non pas pour interpréter un titre aussi pop et dynamique que sur le reste du concert, mais bien un « I’m happy » pur et acoustique. La douceur de la mélodie et les expressions faciales de Ziggy tranchent de plus belles avec les paroles qui sont profondément noires. Le public, s’il semble encore une fois ne pas connaitre la chanson, la découvre avec joie. Malgré un léger souci informatique et un Matthew qui bute de manière humoristique sur une petite fausse note, le concert se termine tout en douceur et sur un bel accord final. Il est désormais l’heure pour Matthew, Romain et Ziggy de saluer pour de bon leur public éclectique et d’aller prendre une bonne douche après avoir, comme à chacun de leur concert, tout donné sur scène.

Ainsi, comme à chaque concert, Puggy fait preuve d’une maîtrise incomparable, et donne l’envie de les revoir au plus vite. Le trio nous offre davantage de chansons du dernier album que des précédents, mais le concert plait autant aux nouveaux fans qu’à ceux de la première heure. Ce groupe, fêtant bientôt ses 10 ans, peut se vanter d’avoir accompli un Forest National sold out, ce qui n’est pas donné à tous les groupes belges. De plus, beaucoup de dates à venir affichent également sold out, le groupe est annoncé au Rock Werchter, et on annonce déjà des dates aux Etats-Unis et en Turquie. Le titre de leur dernier album, « To win the world », ne pourrait dès lors être mieux dès choisi.

 Perrine Dumont